Les projets ABIOME iNaturalist sont des projets dits « traditionnels », c’est-à-dire que les observations faites iNaturalist doivent y être rattachées volontairement lors de l’observation ou ultérieurement. Le nombre d’observations de ce projet n’est donc qu’un échantillonnage réduit faits par des personnes motivées. On constate d’ailleurs que l’observateur d’un projet Abiome fait en moyenne 6 fois plus d’observations qu’un observateur « standard ». Les observations rattachées au projet ABIOME sont plus souvent de « Niveau de recherche », l’identification de l’espèce ayant été confirmée par d’autres personnes.
La faible durée du bioblitz et le nombre limité d’observateurs permet surtout de voir d’éventuelles grandes évolutions. La période du bioblitz 2024 s’inscrit dans un printemps nettement plus pluvieux que ces dernières années et un peu moins chaud, ce qui a un impact sur la faune et la flore. L’analyse a donc été élargie aux observations faites en France de janvier à août 2024 pour pouvoir limiter l’impact de ce biais possible. Certains groupes du vivant ont ainsi montré des évolutions semblant fortes par rapport aux années précédentes notamment les papillons.
L’analyse faite sur 3 années, depuis 2022, montre ainsi une diminution relative des observations de papillons par rapport à toutes les observations faites, certaines espèces étant moins fréquentes que d’habitude, parfois en raison de fluctuations aléatoires connues, comme pour la Vanesse du chardon ou s’inscrivant dans une régression peut-être à plus long terme (la Petite Tortue). Le détail des espèces les plus abondantes selon les années est présenté dans le tableau ci-dessous. Si globalement, les observations de papillons sont en régression, la Mélitée orangée, la Mélitée des centaurées, le Damier de la succise et la Proserpine, apparaissent à un meilleur classement que les années précédentes.
Le graphique ci-contre, une fois les données corrigées pour prendre en compte l’augmentation forte du nombre d’observateurs sur iNaturalist d’une année à l’autre, confirme cette diminution détectée lors du bioblitz 2024 et montre qu’il n’y a pas eu de rattrapage une fois des conditions climatiques plus favorables arrivées.
La même analyse faite sur les oiseaux ne révèle pas d’évolution nette durant ces 3 années, à l’exception d’une diminution estivale en 2024. On peut donc faire l’hypothèse que cette évolution peut résulter d’une diminution de la nourriture disponible où les insectes jouent un rôle important, diminution révélée par l’observation des papillons.
Ainsi une analyse simple de données citoyennes révèle des évolutions négatives sur une biodiversité, déjà fortement soumise aux activités humaines, pouvant résulter de facteurs divers restant à confirmer tels que changement climatique, diminution des ressources alimentaires, augmentation des traitements pesticides dérogatoires ce printemps, etc.
Les données de iNaturalist utilisées représentent 237 000 observations d’oiseaux, et 120 000 de papillons